Depuis le début de cette aventure, je n’avais pas connu une journée aussi intense et physique à ce point, depuis 9:30. Cette section du Nicol-Albert demandait une telle concentration de tous les instants, spécialement avec ces orages intermittents, tout était mouillé et c’était glissant. Les surfaces des marécages s’étaient élargies et les bâtons de marche s’enfonçaient très facilement de 1 pied dans cette boue, avant de nous donner un appui. Beaucoup de racines d’arbres, nous permettant de se déplacer, étaient recouvertes d’eau. Sur les 15 kilomètres de cette étape, il y a eu 2838 mètres de dénivelé positif et 1418 en négatif. Les montées et les descentes étaient très longues et terriblement escarpées. Une chance qu’il y avait des cordes fixes, car avec la boue, cela devenait périlleux. On a même vu une carcasse d’orignal, qui gisait au bas d’une des falaises. La finale a été incroyable, il y avait des centaines de cascades qui longeaient un canyon étroit. Le ciel a été menaçant toute la journée, les coups de tonnerre résonnaient sans cesse. Or, sac à dos dans mon poncho, je me suis accroupi au pied d’un arbre, ça tombait dru. Je voyais la terre se liquéfier autour de moi et espérait qu’il n’y ait pas de glissement de terrain.
J’étais soulagé d’atteindre enfin l’abri à 19:30 où s’était réfugiée Amélie, la jeune Américaine de la veille, qui elle, s’était fait prendre par l’orage du soir, en pleine ascension, après nous être quittés.
Une fois arrivé, j’installe la tente et rapidement, je me glisse dans mon sac de couchage, pas le courage de me faire à manger.
Roger